L’açaí brésilien un trésor amazonien qui conquiert le monde
L’açaí, ce petit fruit violet venu de la forêt amazonienne, est en train de devenir une véritable fièvre mondiale. Produit à plus de 90 % dans l’État du Pará, au Brésil, il s’exporte désormais avec succès vers les États-Unis, l’Australie, le Japon et bien d’autres pays.
Un succès planétaire : de Chicago à Singapour
« C’est différent de tout ce que j’ai goûté avant. On dirait un dessert, mais ça peut remplacer un repas ! » s’enthousiasme Emily Clark, 23 ans, en sortant d’une boutique spécialisée dans le centre de Chicago, une tigelle d’açaí garnie de fraises et de myrtilles à la main.
À l’autre bout du monde, à Singapour, le journaliste Douglas Toh, 25 ans, est surpris d’apprendre qu’au Brésil, l’açaí est un aliment du quotidien. « Ici, un bol coûte l’équivalent de 40 reais (environ 8 euros), c’est un luxe ! »
Le Brésil, leader incontesté de l’açaí
Avec plus de 90 % de la production mondiale, le Brésil domine le marché de l’açaí, et le Pará en est le cœur battant. En 2022, cet État a exporté plus de 8 150 tonnes d’açaí, générant 26,5 millions de dollars (133,8 millions de reais), selon les données de la Fiepa (Fédération des Industries du Pará) et du CIN (Centre International des Affaires du Pará).
Les exportations de produits dérivés (pulpe, sorbet, glace) ont explosé de 132,5 % entre 2019 et 2022, une croissance tirée par la demande aux États-Unis, en Europe, au Japon et en Australie. Mais de nouveaux marchés émergent, comme la Chine, l’Inde et les Émirats Arabes Unis.
Des entrepreneurs brésiliens qui font rayonner l’açaí à l’international
Uberlândio dos Santos, cofondateur de Xingu Fruit, explique : « Des Brésiliens expatriés ont ouvert des boutiques d’açaí en Californie et à Dubaï, contribuant à populariser le produit. » Son entreprise travaille avec des coopératives locales et exporte 35 % de sa production.
Murilo Santucci, fondateur d’Açaí Town, a commencé avec une petite usine dans un conteneur. Aujourd’hui, il exporte dans 20 pays, du Canada au Népal. « Dès qu’ils goûtent à l’açaí, les clients en redemandent ! »
Un superaliment aux multiples usages
Autrefois exploité pour son palmito, l’açaí est désormais célèbre pour ses vertus nutritionnelles (antioxydants, énergie). Il se consomme en smoothies, bols vitaminés ou desserts, mais sert aussi dans les cosmétiques (shampoings, crèmes) et l’artisanat (recyclage des noyaux).
La récolte a lieu d’août à décembre, avec un pic en septembre-octobre.
Un essor économique… mais des défis écologiques
L’açaí est un exemple réussi de bioéconomie, créant des revenus sans déforestation. Cependant, la surproduction menace la biodiversité.
Madson Freitas, biologiste au Musée Emílio Goeldi, alerte : « Quand la densité d’açaíers dépasse 200 plants par hectare, 60 % des autres espèces disparaissent, réduisant aussi les pollinisateurs. »
Des initiatives comme le Manejaí (programme de gestion durable) encouragent une culture respectueuse de la forêt.
L’açaí, un atout économique encore sous-exploité
Malgré son succès, l’açaí reste loin derrière les minerais, le soja et la viande bovine dans les exportations du Pará. Pourtant, son potentiel est immense, à condition de préserver l’équilibre écologique.
Chiffres clés (2023) :
- Production brésilienne : 1,69 million de tonnes
- Valeur : 8 milliards de reais
- Superficie cultivée : 236 404 hectares
- Principaux marchés : USA, Europe, Asie
Conclusion : L’açaí est bien plus qu’une tendance food – c’est un symbole de la richesse amazonienne, à la croisée de l’économie, de la gastronomie et de l’écologie. Son avenir dépendra d’une exploitation durable, pour que ce « superfruit » continue à conquérir le monde sans épuiser la forêt.