La Tarte Brésilienne : Le Secret de la « Tarte » Belge au Pralin qui n’en est pas une – La spécialité belge qu’on nome tarte au pralin.
Imaginez : vous flânez devant une pâtisserie en Belgique. Au milieu des éclairs et des merveilleux, une tarte attire votre œil. Généreusement recouverte d’éclats dorés, elle promet un équilibre parfait entre le crémeux et le croquant. C’est elle : la tarte brésilienne.
Pourtant, cette icône de la gourmandise belge est entourée de mystères. Son nom est un délicieux mensonge, et sa texture cache un secret que toute bonne grand-mère belge connaît.
Pourquoi cet article ? Parce que nous n’allons pas seulement vous donner une recette. Nous allons la déconstruire. Nous allons plonger dans l’histoire de son nom trompeur, comprendre pourquoi ce n’est techniquement pas une « tarte », et surtout, nous allons révéler un lien surprenant et tout à fait légitime avec le Brésil… qui n’a rien à voir avec le nom !
Préparez-vous à tout savoir sur la véritable tarte brésilienne : de sa base de pâte levée moelleuse à sa crème pâtissière à la vanille, en passant par son manteau de pralin croquant.
Pourquoi l’appelle-t-on « Brésilienne » si elle est 100% Belge ?
C’est la première question que tout le monde se pose. Et la réponse est un délicieux « faux-ami » linguistique. Une encyclopédie wallonne (Wallonica) résume la situation avec humour : « Premièrement ce n’est pas une tarte… et deuxièmement elle n’est pas brésilienne ! ».
Et c’est vrai ! Décortiquons ces deux « mensonges » :
- « Ce n’est pas une tarte » : Oubliez la base de pâte sablée ou brisée. La tradition, la vraie, exige une base de pâte levée, s’apparentant à une brioche. Le résultat n’est pas un contenant croustillant, mais une base moelleuse qui fusionne avec la garniture. C’est un « gâteau de pâtissier ».
- « Elle n’est pas brésilienne » : C’est le point clé. En Belgique, le mot « brésilienne » est un nom commun ! Il ne désigne pas le pays d’Amérique du Sud, mais un ingrédient très spécifique : un mélange de noisettes (ou parfois d’amandes) caramélisées et grossièrement concassées.
Ce que les Français appellent « pralin en grains » ou « noisettes concassées sucrées », les Belges l’appellent « brésilienne ». Le mystère de son nom est donc résolu : on l’appelle tarte brésilienne parce qu’elle est couverte de « brésilienne » (le pralin).
Mais alors, tout lien avec le Brésil est-il rompu ? Pas si vite… comme nous le verrons, l’ingrédient star de sa crème, la vanille, va rétablir ce lien de la manière la plus surprenante qui soit.
Le cœur du croquant : Réussir sa « brésilienne maison » (le pralin)
Pour faire cette tarte brésilienne dans les règles de l’art, il faut une « brésilienne » de qualité. Bien sûr, on peut l’acheter, mais la faire soi-même transforme l’expérience. C’est le secret du croquant qui donne son nom à la tarte.
La recette est simple, mais tout est dans le timing. Il vous faut des fruits secs (traditionnellement des noisettes) et du sucre, souvent en proportions égales (tant pour tant).
- Torréfaction : Commencez par étaler vos noisettes sur une plaque et passez-les au four à 180°C. Cela développe leurs arômes et vous aidera à retirer la petite peau amère en les frottant.
- Le Caramel : Pendant ce temps, faites un sirop avec le sucre et un peu d’eau. Quand il atteint 121°C, jetez-y les noisettes chaudes. Le mélange va « masser », c’est-à-dire que le sucre va recristalliser et devenir sableux. C’est normal ! Continuez de cuire à feu moyen. Le sucre va refondre et enrober les noisettes d’un beau caramel ambré.
- Refroidissement : Versez immédiatement sur un papier sulfurisé ou un tapis en silicone. Laissez refroidir complètement.
- Le Concassage : C’est l’étape cruciale. Mettez les noisettes caramélisées dures dans un mixeur. Attention ! Si vous mixez trop longtemps, vous obtiendrez une pâte (le praliné). Pour notre tarte, on veut du croquant. Il faut donc concasser par à-coups brefs, juste assez pour obtenir des grains irréguliers. C’est ça, la « brésilienne » !
La base de tout : L’importance de la pâte levée briochée
Ici réside l’identité de la tarte brésilienne. Le débat « pâte sablée ou pâte levée ? » n’a pas lieu d’être pour l’authentique. La vraie recette de la tarte brésilienne est une recette de la tarte briochée.
Pourquoi ? Parce que la pâte levée n’est pas un simple contenant. Elle est moelleuse, riche, et elle absorbe juste ce qu’il faut d’humidité de la crème pâtissière. Elle fusionne avec les crèmes pour créer une texture unifiée, douce et incroyablement gourmande.
Pour une tarte de 24 cm de diamètre, il vous faudra (par exemple) : 250g de farine, 9g de levure fraîche, 50ml de lait, 2 œufs, 50g de sucre, 125g de beurre froid et une pincée de sel. Avec un robot pâtissier, mettez tout dans le bol du robot (sauf le beurre) et pétrissez. Incorporez ensuite le beurre froid morceau par morceau. La patience est la clé : la pâte doit impérativement doubler de volume dans un endroit tiède (à température ambiante), couverte d’un torchon.
Une fois levée, dégazez-la sur votre plan de travail fariné, étalez-la, puis utilisez-la pour foncer dans un moule à tarte de 24 cm.
L’étape anti-catastrophe : La cuisson à blanc de la brioche
Oui, cette tarte nécessite une cuisson à blanc de la base en pâte levée, et c’est critique. Mais pourquoi ?
- Pour la structure : Une pâte levée, ça gonfle ! Si vous ne la cuisez pas à blanc, vous obtiendrez une boule de brioche, pas un fond de tarte.
- Pour la texture : La cuisson à blanc va « sécher » la surface. Cela crée une fine barrière qui empêchera la crème pâtissière de détremper la base.
La méthode : Préchauffer le four à 180°C. Piquez le fond de tarte. Chemisez le fond de tarte avec un morceau de papier sulfurisé (ou feuille de papier sulfurisé). Remplissez généreusement de billes de cuisson ou de légumes secs. Enfournez pour environ 25 minutes. L’astuce de pâtissier est de retirer les billes et le papier sulfurisé à mi-cuisson pour laisser le fond dorer. Laissez refroidir le fond de tarte complètement avant de le garnir.
L’âme de la tarte : La recette d’une crème pâtissière vanillée parfaite
Si la pâte est l’identité, la crème pâtissière est l’âme de cette tarte brésilienne. Et pour une âme authentique, il faut un ingrédient non négociable : une vraie gousse de vanille fendue et grattée. S’il vous plaît, pas d’extrait ! On veut voir les petits points noirs, la signature d’une tarte maison de qualité.
La méthode est un classique. Pour 500ml de lait, on utilise souvent 2 œufs entiers (ou 4-5 jaunes d’œufs pour plus de richesse), 100g de sucre et 40g de maïzena.
- Infusion : D’abord, chauffer le lait dans une casserole avec la gousse de vanille (fendue et grattée). Laissez infuser à couvert hors du feu.
- Mélange : Pendant ce temps, dans un bol, fouetter vivement les œufs (ou fouetter les jaunes) avec le sucre et la maïzena.
- Liaison : Versez un peu du lait chaud sur le mélange en fouettant, puis remettez le tout dans la casserole.
- Cuisson : Remettez sur le feu. C’est l’étape qui demande de l’attention. Il faut cuire à feu moyen sans jamais cesser de fouetter, jusqu’à ce que la crème épaississe. Maintenez l’ébullition une minute.
- Refroidissement : Le secret d’un pâtissier ! Pour un refroidissement rapide et sans « peau », il faut verser la crème immédiatement dans un plat large et filmer au contact. Cela veut dire que le film alimentaire doit toucher la surface de la crème. L’air est l’ennemi ! Laissez refroidir totalement au frigo.
La boucle est bouclée : Le vrai lien (surprenant) avec le Brésil
Vous vous souvenez ? On avait dit que le nom « brésilienne » était un terme technique belge pour le pralin. Que le lien avec le Brésil était rompu.
Et pourtant… L’ironie est délicieuse. L’ingrédient au cœur de notre crème pâtissière, la vanille, est intimement lié au Brésil !
La vanille est une orchidée. Et son berceau originel, la zone d’où elle vient, s’étend du Mexique… jusqu’au Brésil ! Le Brésil est un trésor de biodiversité pour la vanille, avec des dizaines d’espèces natives uniques (Vanilla bahiana, Vanilla pompona…). Aujourd’hui, le pays est même considéré comme un « nouvel eldorado de la vanille », avec des recherches pour créer des « Super Vanilles« .
En réalisant une vraie tarte brésilienne avec une vraie gousse de vanille, vous honorez la Belgique… mais vous utilisez un trésor botanique dont le berceau ancestral et l’avenir se trouvent… au Brésil. Le nom est une coïncidence, mais l’âme de la tarte est bien brésilienne par son ingrédient le plus noble.
La touche finale : Une chantilly mascarpone qui se tient
Pour couronner le tout, on ajoute une généreuse couche de crème. Mais pas n’importe laquelle. Une simple chantilly est souvent trop fragile. Le secret d’une tarte qui a une tenue impeccable à la découpe, c’est la chantilly mascarpone.
Le mascarpone (ce fromage frais italien) n’est pas là pour le goût, mais pour la structure. Il agit comme un stabilisateur grâce à sa richesse en matières grasses.
Le secret pour la réussir ? LE FROID. Tout doit être très froid : le bol, le fouet, la crème liquide entière (minimum 30% de MG) et le mascarpone.
Mettez le mascarpone dans le bol du robot et détendez-le au fouet. Ajoutez la crème liquide entière froide et le sucre glace (il se dissout mieux). Commencez à fouetter lentement, puis augmentez la vitesse. Surveillez attentivement : arrêtez-vous dès que la crème est ferme et forme le fameux « bec d’oiseau ».
Le montage : L’art de l’assemblage (et le piège à éviter)
L’assemblage est méthodique, mais le véritable secret n’est pas l’ordre, c’est la température. L’ennemi de cette tarte, c’est la chaleur.
N’assemblez JAMAIS à chaud.
- Le fond de tarte en pâte levée doit être TOTALEMENT refroidi. S’il est tiède, il détrempera la base.
- La crème pâtissière doit être FROIDE. Si elle est tiède, elle fera fondre la chantilly.
L’ordre est simple :
- Étalez uniformément la crème pâtissière froide (refouettée un coup pour la lisser) dans le fond de tarte complètement refroidi.
- Recouvrez la tarte d’une généreuse couche de chantilly mascarpone. La tradition belge privilégie une finition généreuse à la spatule, souvent en dôme.
- Saupoudrez généreusement de « brésilienne » (votre pralin maison) sur l’intégralité du dessus de la tarte.
Conservation et l’astuce ULTIME pour garder le croquant
Cette tarte brésilienne est un dessert frais. À cause de la crème pâtissière et de chantilly, elle se conserve impérativement au réfrigérateur et doit être consommée dans les 48 heures. Elle ne se congèle pas.
Mais le vrai problème de la conservation, c’est la texture. Le pralin, c’est du caramel. Et le caramel déteste l’humidité (il est hygroscopique). Au frigo, l’humidité de la chantilly va être absorbée par le pralin, qui deviendra tout mou. Adieu le croquant !
L’astuce ultime de pâtissier : Assemblez votre tarte (pâte, crème, chantilly). Conservez-la ainsi au frais. Ne saupoudrez la « brésilienne » (le pralin) qu’AU TOUT DERNIER MOMENT, juste avant de servir. C’est la seule façon de garantir ce contraste parfait entre l’onctueux et le croquant.
En bref, les secrets de la Tarte Brésilienne
- Pas Brésilienne, mais Belge : C’est une spécialité belge. Son nom vient du « brésilienne », le terme belge pour le pralin de noisettes.
- Pas une Tarte, mais une Brioche : La recette authentique utilise une base de pâte levée (briochée), qu’il faut cuire à blanc.
- Le Cœur = Vanille : La crème pâtissière est l’âme de la tarte et doit être faite avec une vraie gousse de vanille.
- Le Lien Caché : Ironiquement, la vanille trouve ses origines… au Brésil, créant un lien inattendu.
- La Tenue = Mascarpone : On utilise une chantilly mascarpone (pas une simple chantilly) pour une tenue parfaite.
- Le Secret = Froid : Le fond de tarte et la crème pâtissière doivent être complètement froids avant l’assemblage.
- L’Astuce = Dernier Moment : Le pralin doit être ajouté juste avant de servir pour garantir son croquant.