Campagne de la vanille verte 2025 – 2026 – EXCLUSIF – Vanille malgache : l’or noir en voie de disparition ?
Enquête sur une filière en crise qui est en train de mourir. Va-t-on revenir dans le cycle de Schumpeter, nous allons tout vous expliquer.
Abaçai, la marque brésilienne du Comptoir de Toamasina, vous propose de tout savoir sur le monde de la vanille.
Le parfum envoûtant de la vanille flotte encore dans la vallée de Sambirano, mais l’amertume des producteurs est palpable. Alors que s’ouvre la campagne 2025-2026, notre enquête révèle les profondes fractures d’une filière autrefois prospère, aujourd’hui asphyxiée par les dérives d’un marché mondialisé et la concurrence déloyale.
Aujourd’hui c’est l’anarchie dans le monde de la vanille.
Sur le terrain : le désespoir des planteurs
Dans les villages reculés d’Antranokarany, les paysans alignent péniblement leurs gousses vertes sur les étals des marchés réglementés. « Avant, la vanille nourrissait ma famille. Aujourd’hui, à 9 euros le kilo, je ne couvre même pas mes frais », confie Rakoto, cultivateur depuis 20 ans, en montrant ses mains couvertes de cicatrices – séquelles du travail minutieux de pollinisation.
Les chiffres officiels sont éloquents :
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875 kg seulement écoulés lors du premier marché (contre 2,5 tonnes en 2024)
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Un prix d’achat divisé par trois en cinq ans
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60% des jeunes ont quitté les plantations
Le paradoxe des marchés régulés
Le gouvernement malgache a instauré un système de marchés contrôlés pour protéger les producteurs. Sur le papier, l’idée semble vertueuse. Dans les faits, notre observation révèle une tout autre réalité.
« Seule la société Biolandes vient acheter. Ils fixent les prix car ils savent que nous n’avons pas le choix », dénonce une représentante des coopératives locales, sous couvert d’anonymat. Les 100.000 ariary (19€) exigés par les paysans se heurtent systématiquement à l’offre à 46.000 ariary (9€) de l’unique acheteur présent.
L’effet TikTok : la concurrence fantôme
Pendant ce temps, en France, le marché est inondé de vanille à prix discount. Notre investigation a identifié :
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Des lots à 3,56€ les 20 gousses (soit 178€/kg)
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Des vendeurs non déclarés réalisant jusqu’à 200 ventes/jour
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Aucun contrôle sur l’origine ou les conditions de production et même si les entreprises vont payer les cotisations, TVA.
« Nous subissons une concurrence déloyale organisée », accuse Arnaud créateur du Comptoir de Toamasina et d’Abaçai, un acteur historique de la vanille. « Quand on sait qu’il faut 5kg de vanille verte pour faire 1kg de vanille noire, ces prix sont mathématiquement impossibles. »
Les dessous d’un scandale annoncé
On peut voir de la vanille qui arrive par des bagages de passagers plus ou moins 20kg par passager, on peut voir aussi de la vanille de l’ancienne récolte qui arrive sur le marché.
Quelles solutions ?
Les professionnels réclament :
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Un encadrement strict des plateformes de vente en ligne
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Une personne qui n’a pas de Siret ne peut vendre sur les réseaux, soit plus de 10 ventes pour un même article, au Brésil c’est comme cela
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Des moyens accrus pour les douanes
Mais il faut savoir que si les prix baissent et si rien n’est fait, dans cinq ans, il n’y aura plus de vanille malgache de qualité.
- À suivre : Notre prochaine enquête sur les réseaux de contrebande de vanille (à paraître dans notre édition du 3 juin).
Le saviez-vous ?
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80% de la vanille naturelle mondiale vient de Madagascar
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La pollinisation doit se faire manuellement, fleur par fleur
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Le processus de transformation dure près de 6 mois
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Ce reportage a été réalisé après trois semaines d’enquête sur le terrain à Madagascar et en France. Les prénoms des témoins ont été modifiés pour protéger leur sécurité.